LANDSKIP (n.)
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PAYSAGE (fra.)PAYSAGE
LE Païsage est un genre de Peinture qui représente les campagnes & tous les objets qui s’y rencontrent.
Du Paysage, p. 200celui [ndr : le plaisir] de faire du Païsage me paroît le plus sensible, & le plus commode ; car dans la grande varieté dont il est susceptible, le Peintre a plus d’occasions que dans tous les autres genres de cet Art, de se contenter dans le choix des objets […]
Du Paysage, p. 200Ainsi la Peinture, qui est une espèce de création, l’est encore plus particulierement à l’égard du Païsage.
Du Paysage, p. 201Parmi tant de styles differens que les Païsagistes ont pratiqués dans l’éxecution de leurs Tableaux, j’en distinguerai seulement deux dont les autres ne sont qu’un mélange, le style Heroïque, & le style Pastoral ou Champêtre.
Du Paysage, p. 201Les choses qui sont particulieres au Païsage, & sur lesquelles on peut réflechir, sont, à mon avis, les Sites, les Accidens, le Ciel & les Nuages, les Lointains & les Montagnes, le Gazon, les Roches, les Terreins, les Terrasses, les Fabriques, les Eaux, le devant du Tableau, les Plantes, les Figures, & les Arbres.
Du Paysage, p. 205
Le Païsage doit une grande partie de son ame à l’eau que le Peintre y introduit. […] Voyez les ouvrages de Bourdon du moins en estampes, c’est un de ceux qui a donné plus d’ame aux eaux, & qui les a traitées avec plus de génie.
L’eau ne convient pas à toute sorte de site ; mais pour la rendre veritable, les Peintres qui en introduisent dans leurs Tableaux, doivent être parfaitement instruits de la justesse des réflexions aquatiques.
Car ce n’est que par les reflexions que l’eau en Peinture nous paroît de veritable eau, & par la pratique seule dénuée de justesse, l’ouvrage est privé de la perfection de son effet, & nos yeux ne jouissent pas de la moitié du plaisir qu’ils devroient avoir. Cette negligence seroit d’autant moins pardonnable au Peintre, qu’il est fort aisé de se faire une habitude, de la regle de ces réflexions.
Du Paysage, Des Eaux, p. 224-225Que le Peintre se souvienne enfin qu’entre les parties qui donnent l’ame au Païsage, les figures tiennent le premier rang
Du Paysage, Des Figures, p. 231
Il m’a toujours paru que l’un des plus grands ornemens du Païsage, consistoit dans la beauté de ses arbres, à cause de la varieté de leurs especes, de la fraîcheur qui paroît les accompagner, & sur tout de leur legereté qui nous induit à croire qu’étant exposés à l'agitation de l'air, ils sont toujours en mouvement.
Quoique la diversité plaise dans tous les objets qui composent un Païsage, c’est principalement dans les arbres qu’elle fait voir son plus grand agrément.
[…] la repetition des mêmes touches dans un même Païsage, cause une espece d’ennui pour les yeux, comme la monotonie d’un discours pour les oreilles.
Du Paysage, Des Arbres, p. 233Les études des Païsagistes consistent donc dans les recherches des beaux effets de la Nature, desquels il peut avoir besoin dans la composition de ses Tableaux, ou dans l’execution de quelque partie, soit pour la forme, soit pour la couleur. Mais la question est de bien choisir ces beaux effets de la Nature. Il faut pour cela être né avec un bon esprit, un bon goût, & un beau genie, & avoir cultivé ce genie par les observations que l’on aura faites sur les ouvrages des meilleurs Maîtres, & avoir examiné comment ils ont eux-mêmes choisi la Nature, & comment en la rectifiant selon leur Art, ils en ont conservé le caractere. Avec ces avantages que donne la naissance, & que l'Art perfectionne, le Peintre ne peut manquer de faire de bons choix ; & sachant ainsi démêler le bon d’avec le mauvais, il tirera beaucoup d’utilité des choses même les plus communes.
Du Paysage, De l’Etude du Païsage, p. 245-2461. Le Païsage suppose l’habitude des principales regles de la perspective, pour ne se point eloigner du vraisemblable.
Du Paysage, Observations generales sur le Païsage, p. 2524. Entre les choses qui donnent de l’ame au Païsage, il y en a cinq qui sont essentielles, les figures, les animaux, les eaux, les arbres agités du vent, & la legereté du pinceau. On pourroit y ajoûter les fumées, quand le Peintre a occasion d’en faire paroître.
Du Paysage, Observations generales sur le Païsage, p. 254-2555. Quand une couleur regne partout dans un Païsage, comme un même verd au Printems, ou comme un même roux dans l’Automne, elle donne au Tableau un air de Camayeu ou d’un Ouvrage qui n’est pas achevé. J’ay vû plusieurs Païsages de Bourdon, ausquels pour avoir employé partout un même style de grain, il ôtoit beaucoup de leur beauté, quoique d’ailleurs les Sites & les Eaux en fissent plaisir à voir. Je laisse au Peintre ingenieux le soin de reparer, & comme on dit, de racheter la couleur ingrate des Hivers & des Printems par des figures, par des eaux, & par des fabriques : car pour les sujets d’Eté & d’Automne, ils sont susceptibles d’une grande diversité.
Du Paysage, Observations generales sur le Païsage, p. 255