Outre ce Vrai général qui doit se trouver par tout, il y a un Vrai dans chacun des beaux Arts, & dans chaque Science en particulier. […] dans l’Imitation en fait de Peinture, il y a à observer que bien que l’objet naturel soit vrai & que l’objet qui est dans le Tableau ne soit que feint, celui-ci neanmoins est appellé Vrai quand il imite parfaitement le caractère de son modele.
Au reste de tous les beaux Arts, celui où le Vrai se doit trouver le plus sensiblement est sans doute la Peinture. Les autres Arts ne font que réveiller l’idée des choses absentes, au lieu que la Peinture les supplée entierement, & les rend presentes par son essence qui ne consiste pas seulement à plaire aux yeux, mais à les tromper.
Il [ndr : le dessin] est la clef des beaux Arts ; c’est lui qui donne entrée aux autres parties de la Peinture ; c’est l’organe de nos pensées, l’instrument de nos démonstrations, & la lumiere de notre entendement. C’est donc par lui que les jeunes Etudians doivent non-seulement commencer, mais c’est de lui qu’ils doivent contracter une forte habitude, pour acquerir avec plus de facilité la connoissance des autres parties dont il est le fondement.