PATROUILLIS (n. m.)

PRIGOT, Aude, « Aux ignorants du "beau mot de patroüillis", Charles-Antoine Coypel et la question du vocabulaire », dans HECK, Michèle-Caroline, TROUVÉ, Stéphanie et FREYSSINET, Marianne (éd.), Lexicographie artistique : formes, usages et enjeux dans l'Europe moderne, Actes du colloque de Montpellier et Paris, Montpellier, PULM, 2018, p. 185-194 [En ligne : dx.doi.org/10.26530/OAPEN_644313 consulté le 21/02/2017].

FILTERS

LINKED QUOTATIONS

1 sources
1 quotations

Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement