BLANC (n.)

BIANCO (ita.) · WEISS (deu.) · WHITE (eng.) · WIT (nld.)
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WHITE (eng.)
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ALBUM (lat.) · BIANCO (ita.) · WEISS (deu.) · WHITE (eng.) · WIT (nld.)

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15 sources
38 quotations

Quotation

Of White.
This word
white in English commenth from the low Dutch word wit, in high Dutch Weif, which is derived from Wasser, that is, water which by nature is white, yea thickned or condensate, […] : in Italian it is called Bianco, in French Blanc, if we may beleeve Scaliger, from the Greeke βλάξ, which as hee takes it, signifies faint or weake : wherein happily he agreeth with Theophrastus who affirmeth omnia candida esse imbecilliora, that all white things are faint and weake, hence I beleeve it is called in Latine Candidus, from the Greeke χαίνω because whitenesse confoundeth or dazeleth the sight as wee finde when we ride forth in a snow in Winter. Il is called also albus of that old Greeke word  λφος the same, […] : the principal whites in painting and limning are these. viz.
Ceruse.
White Lead.
Spanish White.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Des champs ou fonds qui conviennent à chaque ombre & chaque lumiere
 […] il ne faut pas faire terminer une couleur obscure sur une autre couleur obscure, mais elle doit estre fort differente, c’est à dire, blanche, ou qui tire sur le blanc, mais esteinte autant qu’on pourra, & approchant de l’obscur.
Quel remede il faut apporter lors que le blanc va terminer sur le blanc, & l’obscur sur l’obscur 
Quand la couleur d’un corps blanc rencontre à se terminer sur un fond blanc, pour lors ces deux blancs seront esgaux ou non ; s’ils sont esgaux, alors celuy qui vous est plus proche se fera un peu plus obscur sur le contour qui va confiner avec l’autre blanc ; si le champ est moins clair que la couleur à laquelle il sert de champ, alors celuy qui est sur ce champ, se destachera de luy-mesme d’avec celuy duquel il est different sans autre artifice ny aide d’une teinte obscure.
De la nature des couleurs sur des fonds sur lesquels le blanc est couché 
La couleur blanche paroistra plus claire selon qu’elle se rencontrera sur un fond plus brun, & au contraire elle paroistra plus brune à mesure qu’elle aura un fond plus blanc […] 

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

L’homme qui naist sous elle [Lune] a les yeux presque noirs,
Et pour réver tout seul cherche des promenoirs.
Sa stature est fort haute et pour sa chaire poupine
Mesle à beaucoup de blanc un peu de Lacquefine.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

330. [Le Blanc tout pur avance ou recule indifferement, il s’approche avec du Noir, & s’éloigne sans luy.] Tout le monde convient, que le Blanc peut subsister sur le devant du Tableau, & y estre employé tout pur ; la question est donc de sçavoir s’il peut également subsister & estre placé de la mesme sorte sur le derriere, la Lumiere estant universelle, & les Figures supposées dans une campagne. Nostre Auteur [ndr : Charles-Alphonse Dufresnoy] conclud affirmativement ; & la raison qui appuye ce Precepte est, Que n’y ayant rien qui participe davantage de la Lumiere que le Blanc, & la Lumiere pouvant fort bien subsister dans le lointin (comme nous le voyons tous les jours au lever & au coucher du Soleil,) il s’ensuit que le Blanc y peut subsister aussi : En Peinture la Lumiere & le Blanc ne sont quasi que la mesme chose. Ajoûtez à cela que nous n’avons point de Couleur plus approchante de l’Air que le Blanc, & par consequent point de Couleur plus legere […]. Le Titien, Tintoret, Paul Veronese, & tous ceux qui ont le mieux entendu les Lumieres, l’ont observé de la sorte, & personne ne peut aller à l’encontre de ce Precepte, à moins que de renoncer au païsage, qui nous confirme parfaitement cette verité ; & nous voyons que tous les Grands Païsagistes ont suivy en cela le Titien, qui s’est toûjours servy de Couleurs brunes & terrestres sur le devant, & qui a reservé ses plus grands Clairs pour les lointins & les derrieres de ses Païsages. […] 
On peut objecter à cette opinion, Que le Blanc ne peut se tenir dans le lointin ; puisque l’on s’en sert ordinairement pour faire approcher les Objets sur le devant. Il est vray que l’on s’en sert, & mesme fort à propos, pour rendre les Objets plus sensibles par l’opposition du Brun qui le doit accompagner, & qui le retient comme malgré luy ; soit que ce Brun luy serve de fond, ou qu’il luy soit attaché. […]
Mais, il semble (direz-vous) que le Bleu est la Couleur la plus fuyante ; puisque le Ciel & les Montagnes les plus éloignées sont de cette Couleur. Il est bien vray que le Bleu est une Couleur des plus legeres & des plus douces : mais il est vray aussi qu'elle a d'autant plus toutes ces qualitez, qu’il y a de Blanc meslé dedans, comme l'exemple des lointins nous le fait connoistre. […]
Que si la Lumiere de vostre Tableau n’est point universelle, & que vous supposiez vos Figures dans une Chambre, pour lors souvenez-vous du Theorème, qui dit, que
Plus un Corps est proche de la Lumière, & nous est directement opposé, plus il est éclairé ; parce que la Lumiere s’affoiblit en s’éloignant de sa source. Vous pourrez encore éteindre vostre Blanc, si vous supposez l'Air estre un peu plus épais, & si vous prevoyez que cette supposition fera un bon effet dans l’œconomie de tout l’Ouvrage : mais que cela n'aille pas jusqu'à faire vos Figures d'une demie teinte si brune, qu'il semble qu'elles soient dans un vilain brouillard, ou qu'elles paroissent attachées à leur fonds. […]

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
GENRES PICTURAUX → paysage

Quotation

332. [Mais pour le Noir tout pur, il n’y a rien qui s’approche davantage.] […] C'est la couleur la plus pesante, la plus terrestre, la plus sensible […] le Noir fait toûjours bon effet sur le devant, quand il est mis fort à propos & avec prudence. Il faut donc tellement disposer les Corps que l'on veut tenir sur le devant du Tableau, que l'on n'y voye point ces sortes de trous, & que les Noirs y soient par Masses & confondus insensiblement. [...]
Ce qui donne le relief à la boule (me dira quelqu’un) est l’éclat ou le Blanc, qui est ce semble sur la partie la plus proche de nous ; & par consequent le Noir est fuyant.
[…] Le Brun que l’on mesle dans les tournans de la boule, les fait fuïr, en les confondant plûtost (pour ainsi dire) qu’en les noircissant. Et ne voyez-vous pas que les Reflets sont un artifice du Peintre, pour rendre les tournans plus legers, & que par ce moyen le plus grand Noir demeure vers le milieu de la boule, pour soûtenir le Blanc, & faire qu’elle nous trompe plus agreablement.
Ce Precept du Blanc & du Noir est de si grande consequence, qu’à moins d’estre exactement pratiqué, il est impossible qu’un Tableau fasse un grand effet : que les Masses en soient débroüillées, & que les Distances d’enfoncement s’y fassent remarquer du premier coup d’œil & sans peine. […]
L’effet d’un Tableau ne vient donc pas seulement du Clair-Obscur, mais encore de la nature des Couleurs. J’ay crû qu’il n’estoit pas hors de propos de dire icy les qualitez de celles dont on se sert ordinairement, & que l’on appelle Couleurs capitales ; parce qu’elles servent à faire la composition de toutes les autres, dont le nombre est infiny.
L’Occre de Rut est une Couleur des plus pesantes.
L’Occre-jaune ne l’est pas tant, parce qu’il est plus clair.
Et le Massicot est fort leger, parce que c’est un Jaune tres-clair & qui approche fort du Blanc.
L’Outremer, ou l’Azur, est une Couleur fort legere & fort douce.
Le Vermillon est entierement opposé à l’Outremer.
La Laque est un milieu entre l’Outremer & le Vermillon, encore est-elle plus douce que rude.
Le Brun-rouge est des plus terrestres & des plus sensibles.
Le Stil de grain est une Couleur indifferente, & qui par le mélange est fort susceptible des qualitez des autres Couleurs : Si vous y meslez du Brun-rouge, vous ferez une Couleur des plus terrestres ; mais si au contraire, vous le joignez avec le Blanc ou le Bleu, vous en aurez une Couleur des plus fuyantes.
La Terre verte est legere ; elle est un milieu entre l’Occre-jaune & l’Outremer.
La Terre d’ombre est extremement sensible & terrestre ; il n’y a que le noir extréme qui luy puisse disputer.
De tous les Noirs celuy-là est le plus terrestre qui s’éloigne le plus du Bleu.
Selon le Principe que nous avons estably du Blanc & du Noir, vous rendrez chacune de ces Couleurs que je viens de nommer, d’autant plus terrestre & plus pesante, que vous y joindrez du Noir, & d’autant plus legere que vous y meslerez de Blanc. […]

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

382. [Que vos Couleurs soient vives, sans pourtant donner, comme on dit, dans la farine.] Donner dans la farine c’est une façon de parler parmy les Peintres, qui exprime parfaitement ce qu’elle veut dire, qui n’est autre chose que de peindre avec Couleurs claires & fades tout ensemble, lesquelles ne donnent non plus de vie aux Figures, que si effectivement elles estoient frottées de farine. Ceux qui font leurs Carnations fort blanches & leurs Ombres grises ou verdastres, tombent dans cette inconvenient. Les Couleurs rousses dans les Ombres des chairs les plus delicates, contribuent merveilleusement à les rendre vives, brillantes & naturelles : mais il en faut user avec la mesme prudence dont le Titien, Paul Ver. Rubens & Vandeik se sont servis.
Pour conserver les Couleurs fraisches, il faut peindre en mettant toûjours des Couleurs, & non pas en frottant apres les avoir couchées sur la toile ; & s’il se pouvoit mesme faire qu’on les mist justement dans leurs places, & que l’on n’y touchast point quand on les y a une fois placées, il seroit encore mieux ; parce que la fraischeur des Couleurs se ternit & se perd à force de les tourmenter en peignant.
Tous ceux qui ont bien colorié, avoient encore une autre Maxime pour maintenir les Couleurs fraisches, vives & fleuries ; c'estoit de se servir de Fonds blancs, sur lesquels ils peignoient, & souvent mesme au premier coup, sans rien retoucher, & sans y employer de nouvelles Couleurs. Rubens s'en servoit toûjours ; & j'ay veu des Tableaux de la main de ce grand Homme faits au premier coup, qui avoient une vivacité merveilleuse. La raison que ces excellens Coloristes avoient de se servir de ces sortes de Fonds, est que le Blanc conserve toûjours un éclat sous le transparant des Couleurs, lesquelles empeschent que l'air n'altere la blancheur du Fonds, de méme que cette blancheur repare le dommage qu'elles reçoivent de l'air ; de maniere que le Fonds & les Couleurs se prestent un mutuel secours, & se conservent l'un l'autre. C'est par cette raison que les Couleurs glacées ont une vivacité qui ne peut jamais estre imitée par les Couleurs les plus vives & les plus brillantes, dont à la maniere ordinaire & commune on couche simplement les differentes teintes, chacune dans leur place les unes apres les autres : tant il est vray que le Blanc avec les autres Couleurs fieres, dont on peint d'abord ce que l'on veut glacer, en sont comme la vie & l'éclat. Les Anciens ont asseurement trouvé que les Fonds blancs estoient beaucoup meilleurs que les autres : puisque nonobstant l'incommodité que leurs yeux recevoient de cette Couleur, ils ne laissoient pas de s'en servir, […] Je ne sçay d'où vient que l'on ne s'en sert pas aujourd'huy, si ce n'est qu'il y a peu de Peintres curieux de bien colorier, ou que l'ébauche commencée sur le Blanc ne se montre pas assez viste, & qu'il faut avoir une patience plus que Françoise, pour attendre qu'elle soit achevée, & que le Fond qui ternit par sa Blancheur l'éclat des autres Couleurs, soit entierement couvert, pour faire paroistre agreablement tout l'Ouvrage.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

On a remarqué que les couleurs à fresque changent moins à Paris qu’en Italie, & en Languedoc, ce qui arrive peut-estre à cause qu’il y fait moins chaud, qu’en ces païs-là, ou bien que la chaux est meilleure icy.
Les couleurs qu’on employe sont :

Le Blanc ; il se fait avec de la chaux qui soit esteinte il y ait long-temps, & de la poudre de marbre blanc, presque autant de l’une que de l’autre. Quelquefois il suffit d’une quatriéme partie de poudre de marbre ; cela dépend de la qualité de la chaux, & ne se connoist que par la pratique ; car s’il y a trop de marbre, le blanc noircit.

Félibien évoque ici l’emploi du blanc dans la technique de la fresque.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Toutes les couleurs qu’on employe pour la Fraisque, sont bonnes à Huile, hormis le blanc de Chaux, & la poudre de Marbre ; Mais on se sert encore de celles qui suivent. 
Du Blanc de plomb, qui se tire du plomb que l’on enterre : au bout de plusieurs années il se forme du plomb mesme, des escailles qui changent & deviennent un fort beau blanc. Quoy que ce blanc subsiste en peinture il a toujours une mauvaise qualité ; l’huile pourtant le corrige en le broyant sur la pierre. 
De la Ceruse, qui est aussi une roüille de plomb, mais plus grossiere. 
Du Massicot jaune & du Massicot blanc, que l’on fait avec du plomb calciné.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

C'est que les Philosophes définissent le Blanc, une couleur qui dissipe la veuë & qui la sépare; & le Noir, une couleur qui ramasse la veuë & qui la fixe. Si le Noir fixe la veuë, reprit Philarque, ne soyez donc pas étonné que Rubens s'en soit servy dans les endroits qu'il a voulu rendre plus sensibles & plus proches des yeux : & si les objets qu'il a peints conservent une si grande rondeur. Et pour le blanc, repartit Leonidas, qui n'est pas en parfaite amitié avec la veuë, & qui s'en éloigne, pourquoy l'employe-t'on souvent dans les objets qui sont fur le devant du Tableau ? Pour deux raisons, repartit Philarque, l'une parce qu'il rend le noir encore plus sensible par son opposition, & l'autre parce que le blanc est nécessaire pour donner l'idée de quantité d'objets que l'on a souvent occasion de representer sur le devant comme seroit du linge, un cheval blanc, & semblables autres choses dont cette couleur est le corps, ou dont elle fait une grande partie. Mais quand on l'employe ainsi fur les premières lignes du tableau, on observe de raccompagner de couleurs brunes qui le retiennent, ou bien on le place entre deux corps bruns qui renferment comme mal-gré luy, & qui l'empeschent d'entrer dans le tableau, & de se joindre aux objets les plus esloignez. C'est pour cela que Rubens ayant fait ses Déesses claires sur un fond brun, les a accompagnées de draperies beaucoup plus brunes que le fond.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

C'est que la lumière qui penetre l'air, repartit Philarque, s'accorde tres-bien avec le Blanc qui est de la mesme nature, & que le Noir qui luy est opposé est d'autant plus détruit par cet air lumineux, qu'il y a de distance entre l'oeil & l'objet : Rubens n'a fait que suivre en cela le Titien & tous les Peintres Lombards.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Les couleurs s'accordent par sympathie, lors que naturellement elles ne se détruisent point l'une l'autre, & que leur mélange fait une composition agreable qui tient toûjours de leurs qualitez : Telles sont le blanc, la laque, le bleu, le jaune, & le verd, & de ces couleurs on en peut faire une infinité d'autres qui seront toujours en sympathie.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Quotation

II semble, repartit Damon, que cette Antipathie se devroit aussi trouver dans le Clair-obscur : car il n'y a rien de si contraire que le blanc & le noir, qui représente, l'un la lumière & l'autre la privation de la lumière. Ils ne sont pas si contraires que vous le pensez, répliqua Philarque, ils se conservent tres - bien dans leur mélange: le blanc & le
noir ensemble font un gris, qui tient de l'une & de l'autre couleur ; & ce qui semblera comme noir par opposition au blanc tout pur, paroistra comme blanc si vous le mettez auprès d'un grand noir. II faut raisonner de la mesme manière à l'égard de toutes les autres couleurs, où le plus & le moins de lumière ne changent rien à leurs qualitez.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

Selon le principe que nous avons establi du Blanc & du Noir, vous rendrez chacune de ces couleurs, que je viens de nommer, d'autant plus terrestre, & plus pesante, que vous y joindrez de Noir, & d'autant plus legere, que y meslerez de blanc.
Pour ce qui est des couleurs rompües ou composées, on doit juger de leur force par celle des couleurs, qui les composent, tous ceux qui ont bien entendu l’accord des couleurs, ne les ont pas employées toutes pures dans leurs draperies, sinon dans quelque figure sur la premiere ligne du tableau : mais il se sont servis de couleurs rompues & composées, dont ils ont fait une musique pour les yeux, en meslant celles, qui ont quelque sympatie les unes avec les autres, pour en faire un tout, qui aye de l’union avec les couleurs, qui luy sont voisines, le Peintre qui a la connaissance de la force de ses couleurs sçaura qu’un corps doit en faire fuir rellement un autre, qu’il puisse estre luy-mesme chassé par ceux, qui sont avancez sur le devant, il faut fuir les extremitez contraires & chercher les couleurs, qui ont amitié ensemble, & celles qui sont incompatibles : ce que l’on pourra aisément découvrir, en meslant ensemble les couleurs, dont on veut faire épreuve : & si par ce meslange elles font une couleur douce, & qui ne soit point desagreable à la veüe c’est une marque qu’il y a de l’union & de la simpatie entre elles, & au contraire si la couleur qui sera produite du meslange de deux autres, est rude à la veuë, c’est à dire qu’il y ait contrarieté & antypathie entre ces deux couleurs.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

Le Coloris blanc.
[ndr titre de paragraphe ; se rapporter au texte]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

les Peintres n’ont qu’un blanc & un noir pour la lumière & les ombres ; & ce blanc & ce noir ne peuvent point imiter parfaitement la Nature, parce que le blanc quelque blanc qu’il soit n’a point assez d’éclat pour representer les corps lumineux & le brillant des corps luisans ; & le noir, quelque noir qu’il soit, ne peut imiter qu’imparfaitement les ombres, qui dans la Nature sont des privations de lumiere. Car les noirs d’un Tableau font des matières qui ne peuvent estre privées de la lumiere qui les éclaire aussi bien que les autres couleurs qui sont étenduës sur la superficie de la toile.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

Et comme dans la Musique le grave & l’aigu ne font point d’eux mesme de tons, parce qu’ils sont dans tous les tons ; ainsi le blanc & le noir ne sont point des couleurs, parce qu’ils se rencontrent dans toutes les couleurs.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

Et parce que les lumieres & les ombres apportent du changement dans les couleurs, il faut donc que le Peintre fasse le plus d’observations qu’il pourra pour remarquer ces sortes d’alterations ; & qu’en premier lieu il se souvienne que la Peinture ne luy fournit que le noir & le blanc pour representer l’ombre & la lumiere, & que c’est avec ces deux couleurs qu’il peut rendre toutes les autres plus ou moins sensibles. Mais il doit estre fort judicieux & retenu quand il employe le blanc & le noir dans ses ouvrages, parce que comme les jours & les ombres donnent le relief & les enfoncemens aux corps, & aident à en faire paroistre les parties ou plus proches ou plus éloignées, il ne reussira jamais bien dans ce qu’il entreprendra, s’il ne sçait temperer ses bruns & ses clairs, en sorte qu’ils fassent le mesme effet qui paroist dans les choses de relief.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Et lors que la necessité de son sujet l’obligeoit de mettre des couleurs plus foibles sur le devant, il [ndr : Titien] les accompagnoit de quelque chose dont la couleur plus forte servoit à soustenir & à faire avancer les autres. J’ay veu remarquer à des Peintres, que dans le tableau où il a représenté Bacchus & Ariadne, afin de faire approcher davantage une draperie qui est sur le devant, & qui de soy est d’une couleur foible et legere, il a trouvé l’invention de mettre un vase dessus, lequel estant d’une couleur brune & forte, tire le tout en avant.
Est-ce, dit alors Pymandre, que les choses les plus claires s’éloignent & que les plus brunes s’avancent davantage.
C’est ainsi, répondis-je, que les plus sçavans Peintres l’entendent. Ils vous feront remarquer que ce qui est noir a plus de force & s’accroche bien plus que ce qui est blanc.
C’est repliqua Pymandre, ce que je n’aurois pas cru, car il me semble que ce qui est noir perce & fait un trou, & que le blanc vient en avant.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

Dans la Peinture le blanc n’a point tant de force que le noir qui dans un tableau represente bien mieux l’obscurité que le blanc ne peut faire la lumière, à cause que la sensation du blanc s’affoiblit dans l’œil par la disgregation, si vous me permettez d’user de ce mot, que les rayons de la veuë reçoivent d’une trop grande blancheur ; au lieu que le noir se rassemble.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Pour en imiter les Jours, on fait ordinairement quatre Teintes claires ; dont la premiere est composée de Blanc & d’un peu de Jaune, la seconde de Blanc, de Vermillon & de Laque : de ces deux dernieres également & tres peu. La troisième se fait comme la seconde : en y mettant un tres peu plus de Laque et de Vermillon, & la quatrième comme la troisième en y mélant encore un peu plus de ces deux dernières Couleurs Vermillon & Laque. On peut en faire encore, si l’on veut, une cinquième encore plus chargée : ces Teintes se mettent de suite dans un même rang.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Les demies teintes sont ordinairement trois, la première se fait avec du Blanc, un peu de Jaune, un peu de Laque & un peu d’Outremer. La seconde comme la premiere, à la reserve qu’il faut diminuer du Blanc & augmenter des trois autres. Et la troisième comme la seconde, en diminuant encore du Blanc, & augmentant pareillement les trois autres.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

Les Couleurs composées & artificielles ne peuvent estre employées à Fresque, comme la Laque, le Vermillon, le Stil-de-grain, le Massicot &c. Toutes les Terres sont excellentes, excepté la terre d’ombre qui s’écaille si elle n’a point esté brûlée. Pour le Blanc, on se sert de chaux bien choisie & bien passée. Le Rouge d’Angleterre sert de Laque, & plus l’enduit est frais lorsqu’on employe cette couleur, plus elle est belle.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

7. Qu’on peut se servir pour Blanc, de Craye de Champagne fine, & pour le Noir le meilleur est celui appellé vulgairement Noir d’Allemagne, dont les Imprimeurs en Taille douce se servent. Le fond sur lequel on peint en Pastel, est du papier dont la couleur la plus avantageuse est d’estre d’un gris un peu roux ; & on pour s’en servir plus commodément il faut le coller sur un ais fait exprès d’un bois léger. […] Car pour ceux dont la pratique dans le Coloris n’est pas excellente, rien n’est plus dangereux que le Pastel, lequel ne peut imiter ainsi que fait la Peinture à huile la force & la vigueur du naturel, & c’est sans doute à cause de cette imperfection, qu’on dit indifferemment dessiner au Pastel & peindre au Pastel.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

XIV.
Il faut avoir une Palette d’ivoire fort unie & grande comme la main, sur laquelle on arange d’un costé les Couleurs pour les Carnations de cette maniere. On met au milieu beaucoup de Blanc bien étendu, parce que c’est la Couleur dont on se sert le plus ; & sur le bord on place de gauche à droit les Couleurs suivantes un peu éloignées du Blanc.
Du Massicot.
Du Stil de Grain.
De l’Orpin.
De l’Occre.
Du Verd qui est composé d’Outremer, du Stil de grain, & de Blanc, autant de l’un que de l’autre.
Du Bleu fait d’Outremer, d’Inde, & de Blanc, en sorte qu’il soit fort pasle.
Du Vermillon.
Du Carmin.
Du Bistre.
Et du Noir.
De l’autre costé de la Palette, on étend du Blanc tout de même que pour les Carnations, & lors que l’on veut faire des Draperies, ou autres choses, on met auprés du Blanc la Couleur dont on les veut faire, pour travailler comme je diray dans la suite.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Quotation

XL.
Pour une Draperie blanche de laine, il faut mettre une couche de blanc, où il y aura tant soit peu d’Occre, d’Orpin, ou de Pierre de fiel, afin qu’elle paroisse un peu jaunâtre, puis Ebaucher & finir les Ombres avec du Bleu, un peu de Noir, de Blanc & de Bistre, y mettant beaucoup de ce dernier dans les plus brunes.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Quotation

LVIII.
Nous n’avons point de couleur qui participe d’avantage de la Lumiere, ni qui soit plus approchante de l’Air que le Blanc, ce qui fait voir qu’elle est legere & fuyante, l’on peut neanmoins la retenir sur le devant, & la faire approcher par quelque autre couleur voisine plus pesante & sensible, ou en les mélant ensemble.

LIX.
Le Bleu est la couleur la plus fuyante & nous voyons aussi que le Ciel & les Lointains sont de cette couleur, mais elle deviendra d’autant plus legere qu’elle sera meslée avec du blanc.


LX.
Le Noir tout pur, est la couleur la plus pesante & la plus terrestre de toutes ; plus vous en meslerez avec les autres, plus vous les rendrez approchantes.
Neanmoins les differentes dispositions du Blanc & du Noir, en rendent aussi les effets differents ; car souvent le Blanc fait fuïr le Noir, & le Noir fait approcher le Blanc, comme aux Reflets des globes que l’on veut arrondir, ou autres Figures, où il y a toûjours des parties Fuyantes qui trompent la veuë par l’artifice de l’Art, & sous le blanc sont icy comprises toutes les couleurs legeres, comme sous le noir toutes les couleurs pesantes.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

LXXIX.
Mais le plus important est d’adoucir son Ouvrage, de mesler ses teintes les unes dans les autres, aussi bien que la barbe & les cheveux, qui sont sur le front avec les autres Cheveux, & la Carnation, prenant garde sur tout de ne pas faire sec, & dur, & que les Traits & Contours des Carnations ne soient pas coupez.
Il faut aussi s’accoûtumer à ne mettre du Blanc dans vos Couleurs qu’à proportion que vous faites Clair ou Brun ; car il faut que la Couleur dont on travaille la seconde fois, soit toûjours un peu plus forte que la premiere, à moins que ce ne soit pour adoucir.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

On peut encore se servir de pierre noire de l’une et de l’autre maniere : Et méme d’un papier terni, dont on releve les clairs avec du blanc de Ceruse ou du Plâtre figé en forme de Craïon ou de Pastel. Neanmoins le blanc épargné est la meilleure, & la plus savante manière, à laquelle il faut accoûtumer les jeunes commençans. La pierre noire au reste se coupe comme la Sanguine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Quotation

Expliquons maintenant ce que nous avons dit de Lomasse : Savoir que le Peintre doit étre menager [sic] du plus clair de ses couleurs, & de donner le brillant à propos : Ce qui est si important dans le Coloris, que Leon Baptiste Albert souhaitoit, que le Blanc fut d’un prix extraordinaire, comme les Perles : Afin que les Peintres fussent obligez de le bien melanger. Il faut remarquer pour comprendre ce mistere, que le plus clair des couleurs d’un Tableau ne dois pas étre le Blanc pur, mais le blanc rompu par quelqu’autre couleur, que nous pouvons alors considerer, comme le superlatif dans le Coloris de nôtre ouvrage. Ce brillant, par lequel on releve certains endroits, qui sont frapez de la plus vive lumiere.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

On appelle aussi le Ton dans les couleurs le temperament qu’on leur donne, pour décendre d’un côté aux ombres, & pour monter de l’autre au plus clair de la couleur. Mais tout cela se faisant par le moïen du blanc qui peut étre rompu par toutes les autres couleurs, comme il peut rendre legeres toutes les autres. Le Peintre doit considérer le blanc et le noir purs, comme deux extremitez, qui renferment toutes les couleurs, sans être couleurs eux-mémes : car c’est un Axiome de Peinture, que le blanc pur est la lumiere, comme le noir est une privation de lumiere : et les autres couleurs ne sont que des modifications de cette lumiere sur les corps naturels, qu’on imite par le Coloris. Quand je dis que le ton des couleurs se trouve par le moïen du blanc, je ne pretends pas exclurre les autres couleurs legeres, qui se peuvent aussi rompre d’une infinité de manieres, & produire divers temperamens par leur mélange : j’entens que c’est la seule qui peut exprimer le brillant & la lumière. […]

lumière
noir

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Quotation

LIVRE D’OYSEAUX.
Dans la plus grande partie de ce Livre [ndr : Livre de fleurs et d’oiseaux de Nicolas Robert], vous trouverez les oyseaux dans des Païsages bien ordonnez & agreables, dont l’explication & la maniere de les peindre est d’une grande utilité, puisque le païsage est une des plus belles parties de la Peinture.
La premiere feüille de ce Livre qui contient l’Aigle Royal, peut vous servir d’exemple pour pouvoir peindre des Païsages, en observant la place de l’oyseau qui peut se peindre sans blanc, au lieu que dans le Païsage le blanc est absolument necessaire.
Quand vous aurez poncé ou calqué cette premiere feüille sur votre vêlin, & que vous aurez marqué les principaux traits à la pointe d’argent, […], vous coucherez le Ciel de vostre Païsage avec un gros pinceau & à grands coups, d’outremer & de blanc mêlez ensemble uniment, & s’il n’est uni à la premiere couche, vous le coucherez une seconde fois.
L’horizon qui descend jusques sur les montagnes, se fait de la même teinte, en y ajoûtant plus de blanc mêlé avec du carmin […], il faut noyer la couleur de l’orizon avec celle du Ciel imperceptiblementt, en telle sorte que l’on n’y puisse remarquer de separation.
[…].
Les premiers loingtains se font avec la teinte du Ciel, en y ajoûtant plus d’outremer & de carmin ; […].
Pour faire les terrasses éloignées, vous prendrez du verd de montagne, de l’outremer, & un peu de vermillon mêlez ensemble […].

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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Pour faire des draperies changeantes.
Pour la bleuë, prendre de l’outremer pour les bruns, & de la pierre de fiel pour les clairs.
Pour la verte, prendre du verd d’Iris pour les bruns, & d’une eau de carmin pour les chairs.
Pour la rouge, prendre du carmin pour les bruns, & pour les clairs de la pierre de fiel.
Pour la violette, prendre de l’outremer & de la laque liquide mêlez ensemble ; pour les bruns & pour les clairs, du verd d’Iris mêlé avec du verd de montagne, ou de macicot mêlé avec la gomme-gutte pour la rendre jaune.
Pour la blanche, de l’outremer & de l’encre de la Chine.
Ces draperies sont ainsi nommées, parce que les jours sont d’une autre couleur que les ombres.
Ces vêtemens sont propres aux Anges & pour des personnes sveltes, c’est-à-dire, agiles & de taille degagée.
Les écharpes & les habillemens qui doivent aller au gré du vent, se font aussi de couleur changeante.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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Les draperies ordinaires se font aussi de plusieurs manieres.
La blanche s’ébauche d’une eau de gomme-gutte fort claire : pour ôter la grande blancheur du vélin, il faut par dessus coucher une eau d’encre de la Chine fort claire & finir dans les ombres avec l’encre de la Chine mêlée avec un peu d’inde.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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La partie principale du coloris est le contraste que fait la lumiere avec l’ombre, au quel on trouve un milieu, qui unit un contraire à l’autre, & fait paroitre rondes les figures, & selon le besoin plus ou moins eloignées ; car le peintre doit prendre garde, en les plaçant, qu’elles ne fassent de la confusion. En quoi il est aussi tres necessaire d’avoir une grande connoissance de la perspective, pour la diminution des objets, qui s’eloignent, ou qu’on feint eloignées [sic] : mais il faut toujours avoir l’œil attentif sur tout au coloris, & au tendre des chairs, parceque plusieurs en font de maniere qu’elles paroissent de porfire, tant en couleur, qu’en dureté : & les ombres si rudes, que le plus souvent elles degenerent en pur noir : d’autres les font trop blanches, & les autres trop rouges. Pour moi je desirerois une couleur plûtot brune, qu’excessivement blanche ; & je bannirois de mes tableaux pour l’ordinaire, ces joües vermeilles, avec ces levres de coral, parceque de tels visages semblent des masques. Nous trouvons qu’Apelles emploioit frequemment le brun

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur