LE SUEUR, Eustache ( 1616-1655 )

ISNI:0000000083388549 Getty:500002273

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ACADEMIE, Ecole publique. Academie de Peinture, d’Architecture. 
L’ACADEMIE Romaine de Peinture, autrement appellée l’
Academie de S. Luc, est la plus célébre de toutes les Academies de Peinture. Elle fut fondée par Grégoire XIII, à la sollicitation du Mutian, Peintre fameux, qui lui légua deux maisons, & qui l’institua son heritiere supposé que ses enfans ne laissassent point de postérité. 
En 1676 l’
Academie Romaine désira de s’unir avec l’Academie des Peintres François, & lui proposa de faire une aggrégation mutuelle des deux compagnies. [...]
Pour commencer cette union, l’
Academie Romaine choisit le Brun pour son Prince, honneur qui n’avoit jamais été accordé aux Etrangers. 
LOUIS XIV fonda à Rome en 1665 une
Academie  pour les Peintres François, dont Errard fut le premier Directeur. 
L’ACADEMIE de Peinture & de Sculpture de Paris, dut sa naissance aux demêlés qui survinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres Privilegiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquieter. Le Brun, Sarrazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi formerent le projet d’une Academie particuliere, & ayant présenté à ce sujet une Requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt, tel qu’ils le demandoient, datté du 20 janvier 1648. [...] Les premiers membres de cette Academie furent
le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Perrier, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobstat, Guillin &c. Description de Paris par Mr Pig.
[...] Il y a aussi en France une
Academie Royale d’Architecture : elle fut fondée en 1671, & eut pour premiers membres, le Vau, Gitard, le Pautre, d’Orbay &c.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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[…] L'enthousiasme qui fait les Peintres & les Poetes, ne consiste pas dans l'invention des mysteres allégoriques, mais bien dans le talent d'enrichir ses compositions par tous les ornemens que la vrai-semblance du sujet peut permettre, ainsi qu'à donner de la vie à tous ses personnages par l'expression des passions. Telle est la Poësie de Raphaël ; telle est la Poësie du Poussin, & de Le Sueur ; & telle fut souvent celle de Monsieur Le Brun & de Rubens. 

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[…] L'enthousiasme qui fait les Peintres & les Poetes, ne consiste pas dans l'invention des mysteres allégoriques, mais bien dans le talent d'enrichir ses compositions par tous les ornemens que la vrai-semblance du sujet peut permettre, ainsi qu'à donner de la vie à tous ses personnages par l'expression des passions. Telle est la Poësie de Raphaël ; telle est la Poësie du Poussin, & de Le Sueur ; & telle fut souvent celle de Monsieur Le Brun & de Rubens. 

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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.
Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.

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[...] M. Lajoue est habile à peindre l’Architecture, mais il est presque borné à ce genre ; encore faut-il qu’il soit resserré dans de petits sujets. On remarque beaucoup de vérité & de naturel dans les portraits que fait M. le Sueur, quoique cet Auteur soit peu animé : Tout ceux qu’il représente sont ordinairement fourés, en manchon & enveloppés ; ils semblent qu’ils se sentent du froid avec lequel ils sont peints.

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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.

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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.

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[...] M. Lajoue est habile à peindre l’Architecture, mais il est presque borné à ce genre ; encore faut-il qu’il soit resserré dans de petits sujets. On remarque beaucoup de vérité & de naturel dans les portraits que fait M. le Sueur, quoique cet Auteur soit peu animé : Tout ceux qu’il représente sont ordinairement fourés, en manchon & enveloppés ; ils semblent qu’ils se sentent du froid avec lequel ils sont peints.

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Pour donner des principes certains de cette connoissance, il faut, en voyant un dessein, faire deux examens, le premier consiste à en connoître le goût, & le second à découvrir le nom & le caractere de celui qui l’a fait.
Le goût du pays dans lequel a été fait le dessein, en constate l’école. On distingue trois sortes de goût : l’Italien, le Flamand, & le François.
Le goût Italien (qui n’est autre chose que l’esprit naturel de la nation) s’est formé sur les ouvrages antiques que l’Italie possede. Il consiste en général dans la correction du dessein, dans une belle ordonnance, dans des contours variés & contrastés, dans un beau choix d’attitudes, dans une expression fine, soutenuë d’un grand coloris. A Rome, à Florence, c’est le dessein qui domine, on est entraîné par cette grande partie de la peinture, sans laquelle les autres ne peuvent exister. En Lombardie & à Venise la couleur attire les artistes, ils la regardent comme le propre du peintre, & ils negligent le dessein pour ne s’attacher qu’à l’imitation parfaite de la nature qui n’est visible que parce qu’elle est colorée.
Le goût Flamand est la nature même, telle qu’elle est, sans  trop de choix & sans s’embarrasser de l’antique ; la couleur secondée d’une touche moëlleuse est son objet principal : on reconnoît toujours ce goût à une lourde façon de dessiner. Les Allemans tiennent plus du gothique, ils prennent la nature sans choix ; ils en copient même jusqu’aux défauts (a).
            (a) Decepit exemplar vitiis imitabile,
Hor. epist. 19, lib. I.
Le goût François, si l’on étoit moins enivré de l’Italie, pourroit le disputer aux deux autres. La correction, l’élévation de la pensée, l’allégorie, la poëtique, l’expression des passions, & même la couleur s’y trouvent souvent rassemblées. Les François en géneral ont moins de touche que les Flamans ; le choix des attitudes & des figures est moins élégant que celui des Italiens ; il faut cependant en excepter nos grands peintres, tels que Vouët, le Poussin, le Sueur, Bourdon, le Brun, Jouvenet & le Moine.
Toutes ces nations quand elles étudient l’antique & les ouvrages des grands maîtres, réforment souvent leur goût de terroir, & le rendent infiniment meilleur.
Il naîtra de ces remarques une connoissance naturelle du goût des nations. En voyant un dessein, on le rapportera sur le champ à l’école dont il approche le plus, & l’on dira : il est dans un tel goût. Ainsi l’on sçaura le pays dans lequel le dessein a été fait, & par conséquent l’école du maître.

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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.
Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.

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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.
Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.

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Et puis ne vous ay-je pas dit plusieurs fois que les maniéres de peindre sont differentes dans tous ceux qui travaillent, parce que les gousts ne sont point semblables, & que chacun croit voir les choses, & en juger mieux qu’un autre.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.

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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.

Quotation

En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.
Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

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M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

Quotation

M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.

Quotation

[…] L'enthousiasme qui fait les Peintres & les Poetes, ne consiste pas dans l'invention des mysteres allégoriques, mais bien dans le talent d'enrichir ses compositions par tous les ornemens que la vrai-semblance du sujet peut permettre, ainsi qu'à donner de la vie à tous ses personnages par l'expression des passions. Telle est la Poësie de Raphaël ; telle est la Poësie du Poussin, & de Le Sueur ; & telle fut souvent celle de Monsieur Le Brun & de Rubens. 

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[…] L'enthousiasme qui fait les Peintres & les Poetes, ne consiste pas dans l'invention des mysteres allégoriques, mais bien dans le talent d'enrichir ses compositions par tous les ornemens que la vrai-semblance du sujet peut permettre, ainsi qu'à donner de la vie à tous ses personnages par l'expression des passions. Telle est la Poësie de Raphaël ; telle est la Poësie du Poussin, & de Le Sueur ; & telle fut souvent celle de Monsieur Le Brun & de Rubens. 

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En 1650, il [ndr : Le Sueur] fit le Tableau qu’on a de coustume de presenter tous les ans à Nostre Dame de Paris le premier jour de May. […] La premiere pensée, ou plûtost l’original de ce Tableau, est, comme vous sçavez, dans le Cabinet de M. le Normand Greffier en chef du grand Conseil & Secretaire du Roy.
J’ay veû cét original, interrompit aussi-tost Pymandre : nostre ami qui le possede, prétend qu’il y a des choses plus belles que dans celuy qui est à Nostre-Dame. Les premieres pensées des grands hommes, luy dis-je, sont souvent les meilleures, non-seulement parce que la force de ce premier feu qui échauffe leur imagination s’y trouve toute entiere, mais aussi à cause qu’ayant beaucoup d’esprit & de lumiéres, ils sont capables de juger par eux-mesmes de la bonté de ce qu’ils produisent, & discerner le bien d’avec le mal.
Cependant comme ils n’ont pas moins de sagesse & de prudence que de capacité, ils écoutent tous les avis qu’on leur donne, & il arrive quelquefois qu’aimant mieux déferer au jugement des autres qu’à leur propre sens, ils quittent leur opinion particuliére, & prennent le plus mauvais parti.

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Et puis ne vous ay-je pas dit plusieurs fois que les maniéres de peindre sont differentes dans tous ceux qui travaillent, parce que les gousts ne sont point semblables, & que chacun croit voir les choses, & en juger mieux qu’un autre.

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Mathématiques.

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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.

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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.

Quotation

[…] L'enthousiasme qui fait les Peintres & les Poetes, ne consiste pas dans l'invention des mysteres allégoriques, mais bien dans le talent d'enrichir ses compositions par tous les ornemens que la vrai-semblance du sujet peut permettre, ainsi qu'à donner de la vie à tous ses personnages par l'expression des passions. Telle est la Poësie de Raphaël ; telle est la Poësie du Poussin, & de Le Sueur ; & telle fut souvent celle de Monsieur Le Brun & de Rubens. 

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Pour donner des principes certains de cette connoissance, il faut, en voyant un dessein, faire deux examens, le premier consiste à en connoître le goût, & le second à découvrir le nom & le caractere de celui qui l’a fait.
Le goût du pays dans lequel a été fait le dessein, en constate l’école. On distingue trois sortes de goût : l’Italien, le Flamand, & le François.
Le goût Italien (qui n’est autre chose que l’esprit naturel de la nation) s’est formé sur les ouvrages antiques que l’Italie possede. Il consiste en général dans la correction du dessein, dans une belle ordonnance, dans des contours variés & contrastés, dans un beau choix d’attitudes, dans une expression fine, soutenuë d’un grand coloris. A Rome, à Florence, c’est le dessein qui domine, on est entraîné par cette grande partie de la peinture, sans laquelle les autres ne peuvent exister. En Lombardie & à Venise la couleur attire les artistes, ils la regardent comme le propre du peintre, & ils negligent le dessein pour ne s’attacher qu’à l’imitation parfaite de la nature qui n’est visible que parce qu’elle est colorée.
Le goût Flamand est la nature même, telle qu’elle est, sans  trop de choix & sans s’embarrasser de l’antique ; la couleur secondée d’une touche moëlleuse est son objet principal : on reconnoît toujours ce goût à une lourde façon de dessiner. Les Allemans tiennent plus du gothique, ils prennent la nature sans choix ; ils en copient même jusqu’aux défauts (a).
            (a) Decepit exemplar vitiis imitabile,
Hor. epist. 19, lib. I.
Le goût François, si l’on étoit moins enivré de l’Italie, pourroit le disputer aux deux autres. La correction, l’élévation de la pensée, l’allégorie, la poëtique, l’expression des passions, & même la couleur s’y trouvent souvent rassemblées. Les François en géneral ont moins de touche que les Flamans ; le choix des attitudes & des figures est moins élégant que celui des Italiens ; il faut cependant en excepter nos grands peintres, tels que Vouët, le Poussin, le Sueur, Bourdon, le Brun, Jouvenet & le Moine.
Toutes ces nations quand elles étudient l’antique & les ouvrages des grands maîtres, réforment souvent leur goût de terroir, & le rendent infiniment meilleur.
Il naîtra de ces remarques une connoissance naturelle du goût des nations. En voyant un dessein, on le rapportera sur le champ à l’école dont il approche le plus, & l’on dira : il est dans un tel goût. Ainsi l’on sçaura le pays dans lequel le dessein a été fait, & par conséquent l’école du maître.

Quotation

ACADEMIE, Ecole publique. Academie de Peinture, d’Architecture. 
L’ACADEMIE Romaine de Peinture, autrement appellée l’
Academie de S. Luc, est la plus célébre de toutes les Academies de Peinture. Elle fut fondée par Grégoire XIII, à la sollicitation du Mutian, Peintre fameux, qui lui légua deux maisons, & qui l’institua son heritiere supposé que ses enfans ne laissassent point de postérité. 
En 1676 l’
Academie Romaine désira de s’unir avec l’Academie des Peintres François, & lui proposa de faire une aggrégation mutuelle des deux compagnies. [...]
Pour commencer cette union, l’
Academie Romaine choisit le Brun pour son Prince, honneur qui n’avoit jamais été accordé aux Etrangers. 
LOUIS XIV fonda à Rome en 1665 une
Academie  pour les Peintres François, dont Errard fut le premier Directeur. 
L’ACADEMIE de Peinture & de Sculpture de Paris, dut sa naissance aux demêlés qui survinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres Privilegiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquieter. Le Brun, Sarrazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi formerent le projet d’une Academie particuliere, & ayant présenté à ce sujet une Requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt, tel qu’ils le demandoient, datté du 20 janvier 1648. [...] Les premiers membres de cette Academie furent
le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Perrier, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobstat, Guillin &c. Description de Paris par Mr Pig.
[...] Il y a aussi en France une
Academie Royale d’Architecture : elle fut fondée en 1671, & eut pour premiers membres, le Vau, Gitard, le Pautre, d’Orbay &c.

Quotation

[...] M. Lajoue est habile à peindre l’Architecture, mais il est presque borné à ce genre ; encore faut-il qu’il soit resserré dans de petits sujets. On remarque beaucoup de vérité & de naturel dans les portraits que fait M. le Sueur, quoique cet Auteur soit peu animé : Tout ceux qu’il représente sont ordinairement fourés, en manchon & enveloppés ; ils semblent qu’ils se sentent du froid avec lequel ils sont peints.

Quotation

M. Aved […] a exposé différens Portraits, tous également bien touchés, & qui soutiennent parfaitement le grand nom qu’il s’est acquit dans ce genre. Il n’est point pour ces attitudes fieres & de recherche, qui le plus souvent sortent de la nature, ou du moins empêchent de la reconnoître : une élégante & noble simplicité est plus de son goût, très-louable en cela. Je n’ai trouvé d’imperfection que dans son coloris, il m’a semblé trop cru ; je n’y ai point reconnu des chairs telles qu’en offre la nature. Les portraits de M. Le Sueur acheveront d’éclaircir ma réflexion […] ; la chair y est mieux exprimée & ils ont un bien plus grand air de vérité.